Lauréat
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Octobre
1995
Natif de la Barbade Jean Paris est une actrice importante dans la lutte pour les droits des femmes en soins infirmiers, et des infirmières noires en particulier. Parris est une leader du milieu syndical connue pour son franc-parler. Elle a été formée en soins infirmiers en Angleterre avant de s’installer au Canada. Elle travaille d’abord à l’Hôpital général juif, mais les tâches quotidiennes liées à son métier l’ennuient. En Angleterre, le personnel infirmer se voit confier de plus grandes responsabilités et un droit de regard sur le traitement des patients. Ainsi, elle participe avec les médecins au diagnostic et au traitement des patients. Ici, elle se sent davantage comme la bonne d’un médecin, qui exécute uniquement les ordres de ce dernier. Elle commence donc à s’intéresser à sa convention collective et à dénoncer divers aspects des conditions de travail du personnel infirmer. Peu après, ses collègues lui demandent de devenir leur représentante. C’est le début d’une carrière de presque 15 ans au sein du mouvement syndical. C’est en tant que représentante syndicale qu’elle commence à lutter contre le racisme dans les hôpitaux. « Très souvent, les infirmières noires étaient transférées, suspendues ou même renvoyées pour de supposés conflits de personnalités. Ces conflits ne semblaient pourtant survenir que lorsque les infirmières impliquées étaient Noires. Il fallait donc d’abord informer les autorités que le racisme existait en milieu hospitalier si nous souhaitions changer les choses », explique Jean Parris. En 1985, elle occupait le poste à temps plein de consultante pour la Fédération des infirmières et infirmiers du Québec (FIIQ). Grâce à ce poste, elle a pu tisser des liens avec des infirmières d’autres hôpitaux qui subissaient de semblables discriminations, tout particulièrement les infirmières noires de l’Hôpital Douglas, du Royal Victoria et de l’Hôpital général de Montréal. La plupart d’entre elles étaient de bonnes infirmières qui souhaitaient accomplir leur travail correctement, mais qu’on empêchait de plusieurs façons en raison de la couleur de leur peau. Huit ans plus tard, la lutte au racisme existe toujours, mais comme le dit Jean Parris, au moins maintenant, les gens reconnaissent qu’il y en a. Et il s’agit peut-être ici de la moitié de la bataille. Un autre défi important l’attendait également : convaincre les infirmières de rejoindre le combat et de faire valoir leurs droits. « Au milieu des années 80, et à un degré moindre aujourd’hui, un des problèmes communs était la confiance en soi, en partie à cause de la structure du milieu infirmier, et en partie en raison du bagage culturel des infirmières. Nous avons dû les convaincre qu’elles étaient de bonnes infirmières professionnelles, qu’elles, plus que n’importe qui savaient ce qu’elles faisaient et qu’elles devaient croire en elles-mêmes, » raconte Parris.
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