Lauréat
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Novembre
1996
Fille d'exile politique, Joujou Turenne se considère elle même comme une errante. Son enfance, comme elle se plaît à le dire, s'est terminée dans une valise ce jour de 1969 où sa famille a quitté leur Haiti natale pour se retrouver dans ce monde où se mêlait à la fois féérie de la découverte et angoisse d'un monde à refaire. Au sein de sa famille, la culture a toujours joué un rôle de premier plan, s'arrimant à la fois sur des valeurs éducatives progressistes et sur I'enracinement aux traditions. Mouvements, sons et rythmes habitent son âme. Pour elle, il s'agit à la fois d'une thérapie, d'une découverte, d'un moyen d'expression ... c'est en somme ce qui l'encourage à entreprendre des études en psychologie et en récréologie à l'Université d'Ottawa. Attachée à la danse et au théâtre, elle complète un double programme personnalisé d'art thérapeutique où elle explore tour à tour les éléments sous leur forme artistique ou scientifique. Lorsqu'elle décroche le rôle de Passe-Tourelle dans la célèbre série Passe Partout, c'est à la fois un exploit et un précédent. Passe-Tourelle est le premier personnage noir à la télévision populaire francophone. Haut en couleur, aimé du public, le personnage envahit sa vie, se mélange et se confond avec l'artiste au point de les rendre indissociables. Mais c'est dans l'art du
conte qu'elle finit par trouver sa voie. Comme une réponse à ses soucis pédagogiques, didactiques, artistiques, sociaux et politiques, cette tradition puisée dans la nuit des temps, lui fait retrouver l'art de dire des choses simples, des choses vraies. Pour Joujou Turenne, l'arbre à palabre, cette parole de nuit qui voit le jour, est l'essence même de son être.
Lauréat